Derrière chaque jeune athlète, il y a un environnement : un coach, une famille, des enseignants, des coéquipiers. Ce cercle de soutien forme un véritable système relationnel qui influence non seulement la performance, mais surtout la motivation, la confiance et le bien-être (Jowett & Cockerill, 2003). Dans ce cadre, chacun, entraîneur, athlète, parent, joue un rôle spécifique, porteur d’attentes, de responsabilités et parfois de tensions. La qualité de cette relation repose sur un équilibre délicat entre encadrement et autonomie.
Introduction
Le coach, le parent et l’athlète occupent chacun une place clé et tout déséquilibre entre ces trois pôles peut créer des tensions.
- Parent – Enfant : c’est la base affective. Le parent soutient, encourage, écoute, et aide son enfant à gérer la pression ou les émotions liées à son parcours.
- Coach – Enfant : c’est la base technique et éducative. Le coach guide, fixe le cadre, transmet la discipline et la confiance.
- Parent – Coach : c’est la base partenariale. Les deux doivent travailler ensemble, dans le respect du rôle de chacun, pour accompagner le jeune dans son développement.
Des recherches récentes (Harwood & Knight, 2015; Knight et al., 2020) montrent que les athlètes progressent mieux quand ces relations sont cohérentes. À l’inverse, un manque de communication ou des malentendus pourraient nuire à la motivation et au plaisir de pratiquer.
Le rôle du coach : entre leadership et limites
Le coach occupe une position centrale : il est à la fois guide technique, modèle social et figure d’attachement secondaire pour l’athlète (Mageau & Vallerand, 2003). Son rôle dépasse la transmission des savoir-faire pour inclure la création d’un climat motivationnel favorable à la progression.Un climat de motivation autodéterminée, fondé sur l’encouragement de l’autonomie, la compétence et l’appartenance sociale, est associé à une meilleure persévérance et à une satisfaction ancrée dans la pratique sportive (Deci & Ryan, 2000).
Cependant, le coach fait face à plusieurs défis : la pression de performance, les attentes parentales parfois contradictoires et la nécessité de maintenir une distance professionnelle pour préserver son autorité tout en restant bienveillant. Un excès de contrôle ou de proximité émotionnelle peut fragiliser la dynamique du trio coach-athlète-parents (Jowett & Poczwardowski, 2007).
Chez Au Mental, on insiste sur cette idée : discuter avec le coach, ne veut pas dire contester, mais collaborer. Quand chacun maintient son rôle et que les échanges sont clairs et bienveillants, tout le monde avance dans la même direction et contribue au bien-être de l’athlète en formation.

Le rôle des parents : soutenir sans empiéter
Les parents sont souvent le premier soutien du jeune sportif, sur les plans logistique, émotionnel et financier. Leur implication influence directement la motivation et le bien-être psychologique de l’enfant (Harwood & Knight, 2015). Toutefois, l’implication parentale doit trouver un juste milieu : un soutien trop intrusif ou des attentes excessives peuvent créer du stress de performance et interférer avec la relation coach-athlète (Knight et al., 2016).
Les parents doivent donc adopter un rôle de partenaires du coach, plutôt que de « co-entraîneurs ». C’est à dire, communiquer de manière ouverte et respectueuse avec l’encadrement sportif favorise la cohérence éducative autour du jeune. Des études montrent que la perception d’un climat de soutien et cohérent entre coach et parents favorise la motivation intrinsèque et la confiance en soi de l’athlète (Gould et al., 2006).
Un exemple très courant, que l’on retrouve fréquemment en séance, concerne le “debriefing dans la voiture” après un match ou un entraînement. Beaucoup de parents, avec de bonnes intentions, utilisent ce moment pour analyser la performance du jeune. Cependant, la conversation glisse souvent vers des critiques directes, des remarques sur les erreurs ou des comparaisons avec d’autres joueurs.
Ce type d’échange peut avoir plusieurs effets psychologiques négatifs :
- Personnalisation de la critique : l’enfant interprète les commentaires non pas comme une analyse sportive, mais comme un jugement sur lui-même.
- Diminution du sentiment de compétence : il peut développer des doutes persistants sur ses capacités, surtout si le feedback met l’accent sur ce qui ne va pas plutôt que sur ce qui progresse.
- Climat de pression et de peur de décevoir : le jeune anticipe le trajet de retour comme un moment d’évaluation, ce qui peut augmenter l’anxiété de performance et réduire le plaisir de jouer.
- Perturbation de la relation avec le coach : le discours parental peut entrer en contradiction avec celui de l’entraîneur, créant confusion et incohérence dans les repères de l’enfant.
Le rôle des parents n’est pas d’analyser la performance technique, mais de réguler l’émotion du jeune, valider son vécu et maintenir un climat psychologique sécurisant. Une simple question ouverte comme: «Comment tu t’es senti aujourd’hui ?», «Qu’est-ce que tu as appris de ce match ?», «Qu’est-ce que tu pourrais essayer différemment la prochaine fois ?», «De quoi es-tu fier malgré le résultat ?» permet souvent un échange plus constructif que seulement des commentaires techniques.
Ces dynamiques sont largement décrites et travaillées dans des programmes spécialisés de La Au Mental Academy, qui met en évidence l’impact du langage parental sur la motivation, la confiance en soi et le développement mental des jeunes sportifs.
L’athlète : trouver sa place et apprendre à communiquer
L’athlète, particulièrement à l’adolescence, se construit dans une quête d’identité où le sport joue un rôle central. Trouver sa place entre les attentes du coach et celles des parents peut être une source de tension ou de confusion (Petitpas et al., 2009).
De ce fait, développer des compétences de communication assertive et une autonomie psychologique est essentiel pour exprimer ses besoins, ses émotions et ses objectifs. Les jeunes sportifs qui perçoivent une relation de confiance et une communication bidirectionnelle avec leur coach présentent un meilleur bien-être émotionnel et une plus grande résilience face à l’échec (Jowett, 2017).
La qualité de la relation entraîneur-athlète est d’ailleurs prédictive non seulement de la performance, mais aussi de la satisfaction dans la pratique sportive (Felton & Jowett, 2013).

Le trio coach-athlète-parents : une alliance à construire
Ce trio fonctionne idéalement comme une alliance éducative basée sur la confiance, la clarté des rôles et la communication. Lorsque ces conditions sont réunies, le jeune athlète bénéficie d’un environnement de soutien cohérent, propice à son développement global (Harwood, Thrower, & Knight, 2019).
La recherche en psychologie sociale souligne l’importance de la réciprocité et du respect mutuel : chacun doit reconnaître la compétence de l’autre dans son rôle. Les parents comme le coach partagent un objectif commun, le bien-être et l’épanouissement du jeune , mais doivent apprendre à ajuster leur posture pour éviter les rivalités ou les doubles messages (Jowett & Shanmugam, 2016).
Une communication constructive repose sur quatre piliers :
- Clarté: Poser des questions précises, factuelles : « Comment puis-je aider à la maison pour soutenir ses objectifs ? », « Quels sont les objectifs du mois ? ».
- Écoute active: Montrer qu’on comprend, reformuler, s’intéresser réellement au point de vue de l’autre.
- Respect mutuel: Reconnaître l’expertise du coach et l’expérience de l’enfant. Le parent soutient, le coach encadre, l’enfant apprend.
- Orientation solutions: Chercher ce qu’on peut faire ensemble, sans blâmer ni comparer.
Une bonne pratique : ne jamais critiquer les décisions du coach devant l’enfant. Cela fragilise son repère d’autorité et crée de la confusion émotionnelle.
Les risques de dérive : surcharge et burnout relationnel
Quand les rôles ne sont plus respectés: parents qui coachent, coach qui dépasse son cadre, attentes contradictoires, le système perd sa cohérence. Cette confusion génère une surcharge émotionnelle : l’enfant reçoit des messages opposés, le coach se sent remis en question, et les parents s’épuisent à vouloir tout maîtriser.
Avec le temps, ce climat peut conduire chez l’athlète à un burnout. Les recherches montrent que ce type de stress systémique augmente nettement le risque de décrochage et favorise fortement les comportements d’évitement (C’est un signal d’alarme extrêmement précieux dans le suivi psychologique)(DeFreese & Smith, 2014).
C’est une équipe où la communication joue un rôle central.
Pour avancer ensemble
La relation entre le coach, l’athlète et les parents n’est pas figée : elle évolue avec le temps, les objectifs et la maturité du sportif. Favoriser une communication ouverte, un respect mutuel et une clarification des rôles permet de prévenir les conflits et de renforcer la cohésion autour du jeune athlète. Le coach n’est pas qu’un technicien. Il crée un climat motivationnel où le jeune peut apprendre à être autonome, compétent et relié aux autres (Deci & Ryan, 2000).
De leur côté, les parents ont un rôle tout aussi crucial : ils sont les garants du cadre de vie, ceux qui maintiennent l’équilibre entre sport, école et repos. Leur mission n’est pas de “coacher à la maison”, mais d’aider leur enfant à développer des habitudes saines et une vision à long terme. C’est cet équilibre entre exigence et bienveillance qui forge la motivation durable. L’alliance entre ces trois acteurs n’est pas seulement une condition de réussite sportive, mais surtout un levier de développement psychologique et social durable.
Références bibliographiques
- Deci, E. L., & Ryan, R. M. (2000). The “what” and “why” of goal pursuits: Human needs and the self-determination of behavior. Psychological Inquiry, 11(4), 227–268.
- DeFreese, J. D., & Smith, A. L. (2014). Athlete burnout: A systematic review of the literature. International Journal of Sport and Exercise Psychology, 12(3), 280–299. https://doi.org/10.1080/1612197X.2014.932306
- Felton, L., & Jowett, S. (2013). Attachment and well-being: The mediating role of psychological needs satisfaction within the coach–athlete and parent–athlete relational contexts. Psychology of Sport and Exercise, 14(1), 57–65.
- Gould, D., Lauer, L., Rolo, C., Jannes, C., & Pennisi, N. (2006). The role of parents in tennis success: Focus group interviews with junior coaches. The Sport Psychologist, 20(1), 18–37.
- Harwood, C. G., & Knight, C. J. (2015). Parenting in youth sport: A position paper on parenting expertise. Psychology of Sport and Exercise, 16, 24–35.
- Harwood, C. G., Thrower, S. N., & Knight, C. J. (2019). Parent-coach-athlete communication: The missing link in triadic relationship research. Journal of Applied Sport Psychology, 31(1), 1–16.
- Jowett, S. (2017). Coaching effectiveness: The coach–athlete relationship at its heart. Current Opinion in Psychology, 16, 154–158.
- Jowett, S., & Cockerill, I. M. (2003). Olympic medallists’ perspective of the athlete–coach relationship. Psychology of Sport and Exercise, 4(4), 313–331.
- Jowett, S., & Poczwardowski, A. (2007). Understanding the coach–athlete relationship. In S. Jowett & D. Lavallee (Eds.), Social psychology in sport (pp. 3–14). Human Kinetics.
- Jowett, S., & Shanmugam, V. (2016). Relational coaching in sport: Its psychological underpinnings and practical effectiveness. In R. J. Schinke, K. R. McGannon, & B. Smith (Eds.), Routledge international handbook of sport psychology (pp. 471–484). Routledge.
- Knight, C. J., Berrow, S. R., & Harwood, C. G. (2016). Parenting in sport. Current Opinion in Psychology, 16, 93–97.
- Mageau, G. A., & Vallerand, R. J. (2003). The coach–athlete relationship: A motivational model. Journal of Sports Sciences, 21(11), 883–904.
- Petitpas, A. J., Cornelius, A. E., Van Raalte, J. L., & Jones, T. (2009). A framework for planning youth sport programs that foster psychosocial development. The Sport Psychologist, 19(1), 63–80.






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