Chaque saison sportive est bien plus qu’un enchaînement de compétitions. Pour un athlète de haut niveau, c’est un cycle exigeant de développement physique, technique, mental et émotionnel. À la fin de chaque saison, faire un bilan structuré n’est pas une option, mais une nécessité : c’est ce qui permet de comprendre ce qui a fonctionné, ce qui doit évoluer et comment construire une nouvelle progression sur le long terme.
Une chose est certaine : la performance ne se résume pas aux résultats, mais à la qualité du processus qui y mène.
Dans cet article, nous allons explorer les étapes clés pour préparer une nouvelle saison avec clarté, en nous appuyant sur les meilleures pratiques issues des recherches en psychologie du sport, coaching de performance et préparation mentale.
Le bilan de la saison passée : fondation de la progression
Avant de se projeter vers l’avenir, il faut comprendre pleinement ce qui s’est passé…dans le passé. Ce travail nécessite beaucoup d’humilité, de l’honnêteté et doit être tourné vers l’apprentissage.
Pose-toi les bonnes questions :
- Quels étaient mes objectifs de début de saison ? Étaient-ils réalistes et bien définis ?
- Quelles stratégies concrètes ai-je mises en place pour les atteindre ? Étaient-elles efficaces ?
- Quels obstacles ai-je rencontrés (blessures, fatigue mentale, conflits, échecs techniques) ?
- Quelle a été ma régularité dans l’effort, ma discipline, mon état d’esprit ?
- Ai-je progressé au niveau physique, mental, technique et tactique ?
- A quel point ai-je pris mes responsabilités ?
Il est important d’analyser non seulement les résultats obtenus, mais aussi le processus suivi. Selon Gould et Dieffenbach (2002), les champions olympiques partagent cette capacité à tirer des leçons précises de leurs expériences passées, en se concentrant autant sur les erreurs que sur les réussites.
Célébrer les réussites
Au fil de notre accompagnement, nous continuons à rencontrer des athlètes qui ne prennent pas le temps de célébrer leurs victoires. Chaque saison contient pourtant des victoires silencieuses :
- La régularité à l’entraînement
- Le fait de continuer malgré l’échec et la difficulté
- Le retour après une blessure
- La gestion d’un moment critique
- Un changement de mentalité
Ces éléments contribuent directement à la performance future et nourrissent la motivation intrinsèque (Deci & Ryan, 2000), essentielle pour durer dans le haut niveau. Ils constituent donc des réussites en soi, qu’il est important de considérer.

Se fixer des objectifs puissants : science et méthode
La fixation d’objectifs est l’un des outils les plus puissants en psychologie du sport. Elle agit sur la motivation, l’engagement, la concentration et la résilience face à la difficulté (Locke & Latham, 2002 ; Weinberg, 2013).
Pourquoi se fixer des objectifs ?
- Donner un sens quotidien à l’entraînement.
- Créer un cadre clair de progression.
- Stimuler la persistance à l’effort.
- Prévenir la dérive mentale ou la démotivation.
- Évaluer ses progrès au-delà des résultats en compétition.
La méthode SMART : des objectifs efficaces
La méthode SMART est la plus reconnue pour formuler des objectifs adaptés et durables :
- Spécifique : l’objectif est clair et précis.
- Mesurable : il est accompagné d’indicateurs concrets.
- Ambitieux mais Atteignable : il pousse à se dépasser sans être décourageant.
- Réaliste : aligné avec les capacités actuelles.
- Temporellement défini : avec un échéancier clair.
Exemple : “Améliorer mon temps de réaction au départ en travaillant 2 fois par semaine avec un coach à partir d’août 2025, et réduire ce temps de 0,05s d’ici mars 2026.”
Selon Burton et Raedeke (2008), les objectifs SMART augmentent significativement la performance lorsque les athlètes les réévaluent régulièrement avec leur encadrement.
Transformer la vision en actions concrètes
Une fois les objectifs fixés, il faut structurer un plan pragmatique.
Ce que doit contenir un plan d’action :
- Des actions concrètes hebdomadaires.
- Un suivi sur plusieurs dimensions : technique, physique, tactique, mental et relationnel.
- Des indicateurs de progression objectifs et subjectifs (par exemple : performances mesurées + auto-évaluations hebdomadaires).
- Des points de révision tous les mois ou trimestres.
- Un système de feedback externe avec l’entraîneur, le préparateur mental, le kiné, etc.
Le plan d’action doit s’adapter aux réalités du terrain, tout en maintenant la cohérence avec les objectifs à long terme.
Le rôle du mental et du hors terrain
Dans le haut niveau, le corps est souvent prêt. Mais c’est le mental qui fait la différence entre un athlète performant et un champion régulier.
Bilan mental :
- Ai-je été capable de rester concentré(e) sous pression ?
- Ai-je développé plus de confiance et de résilience ?
- Ai-je su transformer mes échecs en leviers de progression ?
- Ai-je su demander de l’aide quand nécessaire ?
Équilibre hors terrain :
- Ai-je un mode de vie qui soutient ma récupération (rythme de sommeil, siestes) ?
- Ai-je des relations saines avec mon staff, mes coéquipiers, ma famille ?
- Ai-je un environnement qui favorise la concentration et la stabilité émotionnelle ?
Un athlète bien entouré et aligné dans ses valeurs progresse plus vite, et évite le burnout (Gustafsson et al., 2011). Nous connaissons tous des athlètes à fort potentiel qui n’ont pas été capables de l’exploiter, notamment à cause de mauvaises fréquentations.

Vision, engagement, discipline
Un bon athlète n’attend pas janvier ou septembre pour “se remettre dans le bain”. Chaque jour est une opportunité de réactiver une intention forte.
Il est important de se demander :
- Quel est mon grand objectif pour cette saison ?
- Comment vais-je me comporter chaque semaine pour l’honorer ?
- Quel est mon “pourquoi je fais tout ça” ?
- De qui ai-je besoin autour de moi pour réussir ?
Crée une vision claire, alignée avec ton identité et tes ambitions profondes. Puis engage-toi pleinement, tout en restant flexible mais sans compromis sur l’essentiel.
Conclusion
Chez AU MENTAL, nous pensons que préparer une saison de haut niveau, ce n’est pas seulement reprendre l’entraînement. C’est oser se regarder en face, célébrer le chemin parcouru, transformer les erreurs en enseignements, et construire une stratégie solide vers l’avenir.
Pour les athlètes, les parents et les agents, ce processus est un rendez-vous avec la vérité. C’est là que se joue la différence entre une saison subie et une saison construite dès le départ avec intention et maîtrise.
La performance, c’est une affaire de lucidité, de stratégie et de discipline. Pas seulement de talent.
Pour bien préparer ta saison et démarrer sur des bases solides, télécharge notre guide pratique pour planifier et suivre tes objectifs direction ton propre sommet !
Joël Odi – Licencié en Psychologie, Préparateur mental
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Sources scientifiques
- Locke, E. A., & Latham, G. P. (2002). Building a practically useful theory of goal setting and task motivation. American Psychologist.
- Deci, E. L., & Ryan, R. M. (2000). The “what” and “why” of goal pursuits: Human needs and the self-determination of behavior. Psychological Inquiry.
- Weinberg, R. (2013). Goal setting in sport and exercise: Research and practical applications. Sport and Exercise Psychology.
- Gould, D., & Dieffenbach, K. (2002). Overtraining, underrecovery, and burnout in sport. Applied Sport Psychology Conference.
- Fletcher, D., & Sarkar, M. (2012). A grounded theory of psychological resilience in Olympic champions. Psychology of Sport and Exercise.
- Gustafsson, H., Kenttä, G., & Hassmén, P. (2011). Athlete burnout: An integrated model and future research directions. International Review of Sport and Exercise Psychology.
- Burton, D., & Raedeke, T. D. (2008). Sport Psychology for Coaches.